La déception des moissons

La moisson de blé tendre a été la plus mauvaise depuis 40 ans en France, entend-on dire depuis plusieurs mois. Du côté de la Scar (société coopérative agricole du Ribéracois), on tend à confirmer ce constat. « Au final, 50 % seulement des surfaces ont été semées par rapport aux intentions des adhérents. Sur celles semées, on observe 25 % de rendements en moins si on prend la moyenne des cinq dernières années », affirme Céline Gerbou, responsable achat et mise en marché des céréales à la coopérative.

L’an dernier, environ 112 000 tonnes, toutes productions confondues, avaient été collectées à la Scar dont 60 % de céréales à paille et de colza. « Cette année, il va nous manquer 20 % de collecte au total », évalue-t-elle. La récolte de céréales à paille et de colza va atteindre 30 000 t dont 18 000 t de blé. La qualité n’est pas trop au rendez-vous par manque de protéines. « Nous sommes sur des bases 9,5 à 10,5 % alors que la norme se situe à 11 ou 11,5 %. Nous sortons des blés panifiables avec une perte de valorisation. On a environ 40 % des blés qui ne sont pas bons. »

Dans ces conditions, il y a eu un report des surfaces qui n’avaient pas été plantées en céréales à paille vers le maïs en culture sèche, essentiellement, et un peu en tournesol. « Nous observons une augmentation des surfaces de maïs de l’ordre de 15 à 20 % », selon Céline Gerbou.

Incertitude en maïs

En 2023, au 15 octobre, la récolte des maïs et des tournesols était quasiment finie à la Scar. Cette année, la collecte est plus tardive avec une grande hétérogénéité des dates de semis. Elle s’effectue dans de mauvaises conditions à cause de la pluie. « Nous avons rentré 10 % du volume en tournesol et maïs. Nous craignons que la qualité soit altérée par les précipitations. Les tournesols semés en avril sont tout juste mûrs. Tout ce qui a été semé après le 30 avril est encore vert. Il y a de la verse car le tournesol absorbe l’humidité », note Céline Gerbou. Elle espère une période de beau temps afin de finir la récolte dans de bonnes conditions. « Il existe le risque de ne pas pouvoir récolter les semis réalisés en derniers qui ne seront pas mûrs. » À la Scar, on espère quand même maintenir les volumes de maïs autour de 41 000 t, comme l’an dernier, malgré la hausse des surfaces plantées. « Je pense que l’on fera un peu moins, à condition que l’on puisse récolter », note-t-elle.

À La Périgourdine, si la collecte 2023 avait été un bon cru avec environ 130 000 tonnes collectées au total, en 2024, elle est bien moins généreuse. « La collecte d’été a été 50 % moins importante que notre moyenne décennale. On a collecté environ 30 000 t, toutes céréales confondues, au lieu de 60 000 t », annonce Johann Sarcy, directeur de La Périgourdine. Ce résultat est la conséquence de la réduction des emblavements à l’automne. La quantité de blé récolté s’élève à environ 15 000 t et 4 500 t pour l’orge. « Deux facteurs jouent sur cette collecte : le manque de surfaces semées et la perte de performance. FranceAgriMer estime la baisse de rendement à 20 % pour la Dordogne, en blé et en orge », indique le directeur. La qualité des céréales à paille est très hétérogène. Pour le colza, la qualité est assez correcte avec des volumes maintenus par rapport à 2023.

La collecte de maïs, sorgho et soja a commencé la semaine dernière. « L’an dernier, on avait collecté à cette date (le 2 octobre) 30 000 à 35 000 t de maïs. Là, nous en sommes à un dixième », indique Johann Sarcy. La collecte va durer car les semis sont étalés. Il y a eu davantage de surfaces de maïs semées par les adhérents de la coopérative par rapport à 2023, environ + 30 %. « C’est un report en lien avec les céréales à paille qui n’avaient pas été semées, note-t-il. Maintenant, il faudrait que l’on ait un peu de beau temps pour pouvoir rentrer dans les champs afin d’avoir une vraie vision de la récolte. La météo et la pluviométrie sont impactantes. Est-ce qu’il y aura des surfaces qui ne seront pas récoltées en tournesol, soja ou sorgho parce qu’ils auront germé ? C’est un peu la météo, dans les prochaines semaines, qui va dicter la fin de l’année et le niveau de la collecte réalisé sur l’année. » Johann Sarcy espère faire au moins aussi bien que l’an dernier avec 35 000 à 40 000 t de maïs. « Si on collecte autant que l’an dernier, ce sera déjà bien, mais comme il y a eu davantage de surfaces plantées, on espère rentrer davantage de maïs. »

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