Diminuer la température

La salle de gavage de 600 m2 d’Olivier Palencher a été repeinte avec une peinture réflective utilisée dans les Dom-Tom. (Ph. A. Merlingeas)

Élevage. Olivier Palencher, gaveur de canards et d’oies à Vergt, a repeint la toiture d’une de ses salles de gavage avec une peinture réflective qui fait baisser la température à l’intérieur du bâtiment.

La Dordogne a connu sa première canicule de l’année, la semaine dernière. Ces aléas climatiques se répètent et s’intensifient ces derniers temps. « Des périodes de canicules et de fortes chaleurs, on en vivra tous les étés », pense
Olivier Palencher, gaveur de canards et d’oies à Vergt. Cette année, l’agriculteur a décidé de franchir le pas et d’expérimenter, sur la toiture d’une de ses salles de gavage, une peinture réflective de couleur blanche afin de faire baisser les températures dans le bâtiment. Ce genre de peinture réémet une partie du rayonnement solaire vers le ciel. 

Les fortes chaleurs peuvent entraîner une surmortalité des canards en phase de gavage. « Ils ont du mal à réguler leur température. Il y a un mauvais saignement de ceux qu’on amène à l’abattoir. Lors des pics de chaleur, on ne gave pas comme il faut. Les animaux ne sont pas bien. La meilleure température pour eux s’élève à environ 20 °C », explique l’éleveur. En congés au moment du dernier épisode de canicule, il n’a pas pu encore pousser l’essai avec des canards en gavage, mais s’il a entrepris cette démarche, c’est qu’il est persuadé de son effet positif. « On ressent déjà que l’ambiance est meilleure à l’intérieur. Mes salariés m’ont dit qu’ils se sentaient bien. La chaleur monte au plafond, on n’a plus la bulle de chaud que l’on avait d’habitude. Je pense que l’on doit gagner 2 ou 3 degrés », estime le professionnel. « Je constate une première chose lors de fortes chaleurs : quand le toit était vert, on ne pouvait pas poser la main dessus. On montait jusqu’à 75 °C. Maintenant, on peut la poser. Si c’est moins chaud dessus, ce sera moins chaud dessous », en déduit-il.

Une peinture utilisée
dans les DOM-TOM

Cette évolution est le fruit d’une réflexion entamée au sein de l’Association des producteurs de canards du Périgord, qu’il copréside. « On s’est dit que, la chaleur arrivant par les toitures, c’est par là que l’on pourrait limiter son entrée dans les bâtiments », explique Olivier Palencher. 

Le gaveur avait vu un article de presse sur une entreprise bretonne qui produisait une peinture réflective incorporant des morceaux de coquilles d’huîtres. Il a finalement travaillé avec une autre société baptisée Zolpan (marque Cool roof). « Ils utilisent leur peinture dans les Dom-Tom. Ils commencent à avoir de la demande en métropole. Ils attendent de voir les retombées. » Pierre Attard, éleveur de canards et dirigeant d’une entreprise de maçonnerie à Saint-Mayme-de-Péreyrol, également coprésident de l’Association des producteurs de canards du Périgord, s’est chargé du chantier, réalisé au mois de juin durant trois jours. Il y a eu un nettoyage du bac acier avant l’application de la peinture. De son côté, Zolpan annonce jusqu’à 5 °C de réduction de la température à l’intérieur du bâtiment. « Ils n’ont pas voulu nous révéler le secret de la fabrication de leur peinture », note le gaveur.

Un moyen parmi d’autres

Le bâtiment concerné s’étend sur 600 m2 pour 2 000 places de gavage. « Je travaille avec Avi-Services, qui m’a aidé financièrement, ainsi que le Conseil départemental. Nous sommes partis du principe que c’était un essai », souligne Olivier Palencher. Le coût s’élève à 9 000 € hors taxe (15 €/m2), avec 50 % de subventions (30 % du Conseil départemental et 20 % d’Avi-Services). Des capteurs de température vont permettre d’évaluer les effets concrets.

L’application de cette peinture ne remplace pas les autres outils utilisés pour réguler la température intérieure du bâtiment. Le cooling, par exemple, permet un refroidissement par évaporation grâce à l’humidification des panneaux de cellulose par lesquels passe l’air. Cette méthode augmente l’humidité et diminue la température. Ainsi, des extracteurs enlèvent l’air du bâtiment, pour le renouveler, en passant par les panneaux constitués d’alvéoles humidifiées. « La peinture est un plus, mais ce n’est pas la solution qui nous fera arrêter tout le reste », explique Olivier Palencher.

Un autre adhérent de l’association attend de voir les résultats de l’essai réalisé par le gaveur de Vergt avant de se lancer à son tour. « Des éleveurs de poulets pourraient être intéressés, à voir aussi pour des élevages de ruminants. Je pense que l’on verra bientôt des maisons avec des tuiles blanches », s’amuse-t-il.

Canards

D’autres sujets de réflexion
Au sein de l’Association des producteurs de canards du Périgord, plusieurs sujets suscitent des réflexions comme la recherche d’un outil performant (peut-être un robot ?), en élevage, pour nettoyer les bâtiments entre deux bandes. Les adhérents planchent aussi sur le paillage avec des granulés de paille et l’intérêt d’acheter une machine pour les fabriquer. « La paille commence à être extrêmement chère, en particulier cette année. Certains s’en sortent en faisant des échanges de fumier contre de la paille mais ce n’est pas le cas de tout le monde », note Olivier Palencher, coprésident. Les adhérents lancent des idées de solution à des problématiques rencontrées par les professionnels. Ensuite, Amandine Adam, animatrice de l’association, creuse les sujets. 

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