Bâtir l’avenir de l’élevage

Il existe un besoin de créer du lien et du revenu au sein des exploitations périgourdines. (Ph. archives Réussir le Périgord)

Perspectives. La Chambre d’agriculture a réalisé une restitution des Assises départementales
de l’élevage. Les réactions n’ont pas manqué avant un débat avec les candidats aux législatives.

L’ambiance était un peu particulière, le 4 juillet au pôle interconsulaire à Coulounieix-Chamiers, pour la restitution des Assises départementales de l’élevage. Elle était suivie d’un débat avec les candidats au second tour des élections législatives. On a vite senti dans la salle la volonté d’en découdre sur des questions fondamentales pour l’avenir de la profession. Les agriculteurs vivent des moments difficiles. En 2024, la Chambre d’agriculture de la Dordogne, en partenariat avec Asseldor, Copeldor et les CrDA, a lancé les Assises de l’élevage, en mars, en organisant trois forums ouverts sur le territoire dans chacun des CrDA (150 participants). 

L’agriculture du Périgord représente plus de 6 000 exploitations et trois milliards d’euros de chiffre d’affaires. Les surfaces agricoles représentent plus de 300 000 ha dans le département dont la moitié en prairies pour l’élevage d’herbivores. Ce chiffre subit une forte érosion. « Aujourd’hui, le nombre d’agriculteurs et de fermes baisse. Il y a une forte décapitalisation en élevage », a indiqué Yannick Frances, élu à la Chambre d’agriculture. L’attractivité de l’élevage est en berne. « On installe des maraîchers mais pas d’éleveurs », a-t-il ajouté. Ce qui pose une problématique d’occupation du territoire puisque 3 000 ha de SAU sont perdus chaque année pour devenir de la ronce. « L’élevage fait partie de l’ADN du Périgord. Nous en avons besoin. Nous attendons des actions concrètes. »

Faire appliquer EGalim 

La synthèse des forums ouverts aux agriculteurs a abouti à 19 actions à réaliser à partir des propositions des éleveurs. Quatre catégories se sont dégagées : renforcer la performance technico-économique, sécuriser les élevages dans leur environnement, devenir acteur dans la valorisation de ses produits et innover, puis soutenir l’attractivité des métiers.

Plusieurs techniciens se sont succédé pour aborder en détail ces quatre catégories. Signer des contrats EGalim peut aider à renforcer la performance, comme développer un appui technique en bovin viande et créer des groupes d’éleveurs, à l’échelle des CrDA, afin d’enrichir les pratiques. « Il existe un besoin de récréer du lien et de partager des pratiques », a souligné Élodie Peyrat, conseillère bovin viande à la Chambre d’agriculture.

Joël Fréret, président de la FDSEA 24, et Nicolas Lagarde, responsable de la section bovine, ont insisté sur l’importance de développer des contrats EGalim qui partent du coût de production de l’agriculteur. « C’est un travail de fond qui va aboutir. Il faut persister », selon Nicolas Lagarde. Joël Fréret a ajouté : « Il faut vraiment que l’État nous appuie en appliquant des sanctions financières pour nous aider à la mise en place ». La Chambre d’agriculture va renforcer ses actions sur EGalim pour informer et inciter les éleveurs bovins. 

Rémi Dumaure, président de la Coordination rurale et éleveur de volailles à Limeyrat, a appelé à la plus grande prudence au sujet des contrats :  En volaille, les prix sont indexés sur ceux de la tonne d’aliment ». « Pour EGalim, on travaille sur le coût de production global », a précisé Jean-Philippe Granger, président de la Chambre d’agriculture.

Créer du revenu

Quelques exemples d’initiatives ont été mis en avant. En Périgord noir, un groupe d’éleveurs s’est formé pour se réapproprier le maillage vétérinaire, travailler à la santé globale des troupeaux, être plus autonome et développer les soins préventifs. 

Dans le domaine de la valorisation des produits agricoles, François Soulard, éleveur de brebis laitières à Mareuil et porte-parole de la Confédération paysanne, est intervenu pour parler de la création d’une marque de fromage Périgord haut de gamme. Un projet de cave d’affinage collective voit le jour à La  Tour-Blanche. 

Au sujet du revenu des agriculteurs, un représentant de la Coordination rurale a défendu la création de contrats territoriaux entre la ruralité et les métropoles pour faire payer les services environnementaux rendus par les agriculteurs. « L’idée majeure des Assises est de ramener de la valeur ajoutée dans les fermes », a confirmé Yannick Frances.

Concernant l’approvisionnement de la restauration collective en produits agricoles locaux, Rémi Dumaure est intervenu pour critiquer la stratégie du Conseil départemental uniquement basée sur le bio dans les cantines des collèges. « Au cours de ces forums, nous avons voulu partir sur une dynamique positive et mettre en avant ce qui fédérait », a, quant à lui, répondu Yannick Frances.

SITUATION

Une rentrée sombre attendue

À l’issue du débat entre les candidats au second tour des législatives, Jean-Philippe Granger a réagi : « À la Chambre d’agriculture, nous ne sommes pas toujours d’accord entre syndicats mais on est capable de se fédérer pour défendre notre revenu et notre territoire. Nous travaillerons avec les députés élus. » En septembre, un état des lieux des filières agricoles sera réalisé. « Je vous le dis tout de suite : ce ne sera pas joyeux. Nous avons une année catastrophique. Toutes les filières trinquent. » L’endettement des agriculteurs a augmenté de 47 %. Le nombre d’agriculteurs en difficulté dépasse les 30 %. S’ajoutent à cela des problèmes climatiques et sanitaires. « La rentrée va être très sombre », prévoit-il.

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