Caprin. Valérie Aldigé et Frédéric Jules Wright ont créé leur élevage de chèvres bio à Busserolles, en 2020, baptisé Earl Les Cœurs de lait. Ils fabriquent des cosmétiques et livrent du lait à une laiterie.

Originaires de Normandie, Valérie Aldigé et Frédéric Jules Wright sont tombés amoureux du Périgord vert, de ses forêts verdoyantes et de son eau en abondance. Le territoire leur a rappelé les bocages normands avec un climat plus chaud et sec.
Respectivement docteure en pharmacie et ancien ébéniste, après avoir vécu en Provence, Valérie et Frédéric ont cherché une exploitation à reprendre dans le Parc naturel régional (PNR) Périgord-Limousin, via le RDI (Répertoire départ installation) de la Chambre d’agriculture. Ils en ont trouvé une à Busserolles, appartenant à un éleveur de veaux sous la mère qui partait à la retraite. « Elle correspondait à ce que l’on cherchait », explique Frédéric Jules Wright.
Ils rachètent les 26 ha de terrain (ils conservent 4 ha en fermage), les bâtiments (stabulation, hangar, grange, bergerie et maison d’habitation). L’éleveur évalue le coût de l’installation à 380 000 Ä, rachat des bâtiments, des terrains, du cheptel, du matériel et aménagements compris. Ils avaient un apport initial de 170 000 Ä, issu de la vente d’une propriété. Initiative Périgord leur a accordé un prêt à taux zéro de 40 000 Ä pour les aider dans leur installation. La Région et le Département leur ont octroyé 21 000 Ä d’aides pour les aménagements de la laiterie, de la salle de traite et du laboratoire. Prochainement, ils doivent investir dans un système d’automatisation de la distribution des aliments aux animaux et un tracteur d’occasion, soit 21 000 Ä supplémentaires.

Augmentation du cheptel
Le couple se lance fin 2020. Au départ, il prévoyait de créer deux ateliers de transformation pour les cosmétiques et les fromages mais il leur a fallu faire un choix entre les deux. Ils s’orientent alors vers la conception de savons et de baumes. « Monter deux ateliers était un peu risqué », reconnaît Frédéric Jules Wright. Une partie du lait est livrée à la laiterie Chèvrefeuille à Nontron, malheureusement sans la valorisation financière du bio. « Ils nous collectent environ 45 000 litres de lait par an, produit avec nos 56 chèvres de race alpine. L’an prochain, nous aurons 100 chèvres en production », indique l’éleveur. Ainsi, ils pourront augmenter leur volume de livraison de lait et celui utilisé pour la transformation.
L’exploitation comprend 30 ha de prairies et de bois. « Les chèvres sortent tous les jours et toute l’année », selon l’éleveur. Leur alimentation se compose de foin produit sur la ferme avec de la luzerne et un complément alimentaire achetés. « Il nous faudrait 10 ha supplémentaires pour être autonomes en céréales », note-t-il. Il pratique le pâturage tournant. Pour la récolte de foin, il fait appel à un entrepreneur. « Je n’ai pas une grande passion pour le matériel », avoue-t-il.

Savons au lait de chèvre
Sa compagne, Valérie Aldigé, gère la fabrication des savons et des baumes. Elle doit jongler avec son travail à temps partiel dans deux pharmacies, à Montbron et Saint-Mathieu. Si le lait d’ânesse a le vent en poupe dans les produits cosmétiques, il commence à en être de même pour le lait de chèvre. La savonnière ne se fait pas prier pour en louer les bienfaits. « Le lait de chèvre est excellent pour tous les types de peau, notamment les plus sensibles. J’ai créé des formules afin d’obtenir une synergie entre les huiles végétales et le lait. » Elle s’est formée en savonnerie à l’UESS (Université européenne des saveurs et des senteurs) de Forcalquier, ainsi qu’à la phytothérapie et l’aromathérapie pour soigner le troupeau. En plus du lait, elle recourt à des beurres, huiles végétales et huiles essentielles issus de l’agriculture biologique.
Dans leur laboratoire, elle a déjà créé sept savons différents en forme de cœurs et trois baumes certifiés Écocert, en attendant d’autres produits à venir. Chaque savon a ses spécificités comme le baby mousse, adapté aux peaux de bébé, premier savon créé sans huile essentielle et à base d’huile d’olive, celui au chanvre et carthame, le spécial barbe, l’exfoliant aux flocons d’avoine, le nigelle et carthame, celui à l’argan ou au chèvrefeuille (une fragrance naturelle). Elle n’utilise que du lait et pas d’eau. La saponification est réalisée à froid. Elle propose différents baumes, un pour les mains « très nourrissant et cicatrisant », d’autres hydratants pour le visage.
Adhérents de Bienvenue à la Ferme, les deux exploitants développent aussi l’accueil dans l’exploitation. Valérie et Frédéric adorent parler de leur métier aux profanes. « Nous faisons ce métier par passion », insistent-ils en souriant.