Selon Benoît Biteau, « les promesses faites par le gouvernement n’apportent aucune réponse au problème du revenu des agriculteurs ». La problématique était au cœur des échanges de la table ronde organisée par la Confédération paysanne de Dordogne, ce lundi 16 décembre au pôle interconsulaire. L’actuel député de Charente-Maritime, lui-même agriculteur, était accompagné sur scène de François Soulard, tête de liste du syndicat pour les prochaines élections professionnelles, Jean-Luc Rambert, du comité départemental de la Conf’, ainsi que Nathalie Verdier, membre du syndicat et maraîchère à Sarlande.
Tous partagent le même constat : la préoccupation principale des agriculteurs aujourd’hui est leur revenu. « En 30 ans, le revenu net des agriculteurs a baissé de 40 % en valeur, et 200 fermes disparaissent chaque semaine en France dans l’indifférence générale », rappelle Rachel Ouhayoun, animatrice du syndicat en Dordogne. Pour Benoît Biteau, l’une des racines du mal est à chercher dans le fonctionnement de la politique agricole commune : « on a créé des référentiels historiques, en 1992, selon les disparités constatées à l’époque, et les aides versées aujourd’hui continuent de compenser par rapport à la situation de 1992. Voilà pourquoi ça ne fonctionne pas ! » Les mouvements agricoles du début de l’année, « se sont déclenchés sur la problématique du revenu. Les grands syndicats ont ensuite proposé des agendas et des mesures sur des thèmes qui n’apportent rien sur le revenu », dénonce-t-il. L’élu invite à « regarder comment on distribue les aides pour une répartition plus équitable ».
Prime à l’actif
Au Parlement européen, où il a siégé comme député jusqu’aux élections de juin dernier, Benoit Biteau a fait de la prime à l’actif plutôt que la prime à l’hectare son cheval de bataille. « Cela contribuerait à amener du monde dans les campagnes et ne pas en faire des déserts », appuie Jean-Luc Rambert. À l’heure où l’entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne est en discussion, pour Benoît Biteau, « si on continue de distribuer les aides publiques par surface, on fait exploser la PAC », puisque le pays candidat représente cinq fois la surface agricole de la France.
Appelant au retour de la régulation des volumes, pour stabiliser les prix, à une politique structurelle qui accompagne la maîtrise des coûts de production et « qui permette que tout le monde s’y retrouve, d’un bout à l’autre de la chaîne, du producteur au consommateur », les membres de la Confédération paysanne ont évoqué la proposition phare de leur programme : une sécurité sociale de l’alimentation, dans laquelle « les enveloppes actuellement utilisées pour réparer les dégâts des pesticides sur la biodiversité ou l’eau financeraient une agriculture vertueuse, qui évite ce genre de dégâts ».