SANTÉ ÉQUINE. Aux Écuries de Leygalie, à Milhac-d’Auberoche, Emmanuel Breau s’est associé à Camille Estève pour relancer la ferme familiale en une pension pour chevaux où l’on pratique la balnéothérapie.
D’un pas paisible, Horellana, une belle jument selle français de six ans, se laisse guider vers les abords de ce qui ressemble à une belle et étroite piscine. Elle ne semble pas plus apeurée que ça ; curieuse voire impatiente en fait, une fois que Camille lui a humidifié les membres au jet d’eau. « Là, c’est tout bénéfice pour elle : elle va profiter d’un bain à jets sans même avoir fait d’effort », sourit-elle.
Car, d’habitude, Horellana “travaille” avant sa séance de balnéo. Blessée au postérieur gauche, elle est en pleine rééducation, et la balnéothérapie en fait partie, soin que l’on trouve en Dordogne uniquement aux Écuries de Leygalie, depuis un an. Camille Estève, propriétaire d’Horellana et surtout dirigeante associée du site, tenait à intégrer ce projet à l’entreprise qui fait par ailleurs pension de cheveux de sport et élevage. « Ça me tenait à cœur car le bien-être des animaux est important. Or, un cheval de sport se blesse assez souvent. D’autres ont aussi des pathologies et si on s’en occupe correctement, ils peuvent se rétablir. »
Elle a donc créé ce bassin de balnéothérapie doté de multijets où les chevaux peuvent venir profiter soit d’un simple soin bien-être, soit d’une rééducation suivie avec un protocole vétérinaire et une physiothérapeute. « Notre vétérinaire est allée en Normandie suivre une formation spécifique pour se perfectionner sur cet aspect », affirme fièrement Camille Estève. En plus de l’eau, la physiothérapeute pratique aussi les massages, les enveloppements et le stretching. Toute une panoplie de soins que Camille a voulue possible à des prix abordables pour les chevaux du secteur. « Il n’y a pas d’autre prestation de ce genre avant Bordeaux ou le Lot-et-Garonne. Et ce ne sont pas du tout les mêmes tarifs ! »
À terme, la monitrice devenue cheffe d’entreprise aimerait se doter d’autres machines « pour offrir d’autres soins », telles qu’un tapis et un marcheur, tous deux aquatiques, et des engins de cryothérapie. Mais le premier coûte environ 80 000 euros, le second 150 000 euros et la dernière 10 000 euros. Autant dire que pour les toutes jeunes écuries de Leygalie (elles ont ouvert en avril 2020), il faudra attendre un peu et se contenter des jets d’eau de la balnéo.
Tous les chevaux au pré
Les 92 pensionnaires ne sont de toute façon pas malheureux à profiter chaque jour des 60 hectares de prés attenants aux écuries. « Ici, tout est axé sur le bien-être des chevaux. Ils sont au pré toute la journée, avec un abri car ils sont bien mieux dehors que dans les box. Les espaces sont grands et ils sont groupés par quatre maximum, insiste Camille Estève. Pour manger, ils sont chacun dans leur paddock pour éviter qu’ils se battent et n’aient pas leur ration. »
Ne pas être celui qui a arrêté
Autour, 100 hectares de céréales principalement, pour subvenir aux besoins des écuries. C’est Emmanuel Breau, dont c’est la ferme familiale, qui s’occupe de cette partie très agricole où tournesol, maïs, orge et blé sont en partie revendus à La Périgourdine. Il est la quatrième génération d’agriculteurs. Avant lui, son père, son grand-père et son arrière-grand-père ont successivement fait de la polyculture-élevage avec chèvres, canards puis vaches laitières et enfin vaches à viande.
Associé avec son beau-frère et son père dans l’EARL familiale en même temps qu’il travaillait dans les TP (voir encadré), il décide de garder les deux activités quand son père part à la retraite et que son beau-frère se retire. « Je voulais conserver l’exploitation familiale. Je ne me voyais pas cesser l’activité. Je me sens missionné. C’était hors de question que je mette la ferme en location et que je sois la génération qui a arrêté », raconte-t-il.
Même s’il reconnaît qu’il ne dort pas beaucoup pour tout mener de front, Emmanuel Breau est ravi que son association avec Camille et la naissance des Écuries de Leygalie aient « ramené la vie à la ferme. Pour l’instant, il n’y a pas le retour financier mais je suis fier d’avoir fait ce choix. » Et tous les pensionnaires, chevaux de propriétaires, nés sur site ou récupérés d’une association de protection des animaux le remercient.
DOUBLE ACTIVITÉ
L’entreprise de travaux publics
Parce que sa mère, conjointe collaboratrice, voulait compléter sa retraite, une autre activité est venue s’ajouter à celle de la ferme et de l’entreprise de travaux agricoles : une entreprise de travaux publics (TP). D’abord employé, Emmanuel Breau en devient ensuite le gérant au départ de sa mère pour mener ses deux activités professionnelles de front. Il est donc aujourd’hui associé aux écuries en même temps qu’il continue les TP et les prestations de battage de céréales.
EN CHIFFRES
160 ha de propriété réhabilités pour les écuries