Une démonstration choc

Reconstitution d’un choc à 50 km/h qui, dans la réalité, a coûté la vie à un jeune et rendu tétraplégique un autre qui n’avait pas bouclé sa ceinture de sécurité. (Ph. A. Merlingeas)

SÉCURITÉ ROUTIÈRE. Les élèves du CFA du bâtiment, à Périgueux, ont assisté à deux reconstitutions d’accidents par des cascadeurs pour leur montrer les risques encourus et expliquer les règles à respecter.

« Quand je vois des jeunes qui se rendent compte des risques, je me dis que ce que l’on fait a servi à quelque chose », a lancé Pascal Dragotto à l’issue de la démonstration d’accidents de voitures réalisée par ce cascadeur professionnel avec son fils, Kevin. Le 31 mai, le bureau de la sécurité routière de la préfecture avait organisé une journée de sensibilisation au CFA du BTP, à Périgueux. Quoi de mieux pour marquer les esprits des jeunes que de reconstituer un accident de la circulation ? Le bruit du choc, les bris de verre et la tôle froissée…

Pascal Dragotto et son épouse, Laurence, se sont lancés dans cette activité il y a plus de 30 ans. Basés à Marseille, ils parcourent la France pour proposer ces démonstrations. Elles ont d’autant plus de résonance qu’elles se basent sur des cas réels. Dans le premier, Pascal et Kevin Dragotto ont reconstitué l’accident d’une voiture qui a percuté un scooter à 50 km/h. Il a coûté la vie à Alex, un adolescent des Bouches-du-Rhône. Le mannequin installé sur le scooter percuté par la voiture, que conduisait le cascadeur équipé, était articulé comme un être humain, avec la même corpulence qu’un adolescent. « Si je mets l’un d’entre vous sur le scooter, vous allez faire le même vol plané », a lancé Laurence aux élèves médusés. Elle a poursuivi : « Ce jour-là, Alex n’avait pas attaché son casque. Il n’avait pas de gants. Il a croisé la route d’un commercial au téléphone avec des écouteurs, ce qui est interdit, qui a grillé un stop. Ma première règle en moto : je n’ai jamais la priorité. En cas de choc, c’est le conducteur du deux-roues qui va se faire mal. Il faut toujours anticiper la conduite des autres. »  Le casque d’Alex a été éjecté dans le choc. En voyant la violence de l’impact laissé dans le pare-brise par la tête du mannequin qui est, ensuite, retombé sur le crâne, on comprend mieux le décès de ce jeune. « Il n’avait que 5 % de chances de survie mais dans quel état ? Paraplégique, tétraplégique ou dans un coma végétatif », a ajouté Pascal. 

Pour une prise de conscience

L’autre reconstitution concernait un choc entre deux voitures à 50 km/h. Un groupe de jeunes sort de boîte de nuit. Le conducteur, capitaine de soirée, n’a pas bu, mais son passager, Damien, 19 ans, n’a pas remis sa ceinture de sécurité après un arrêt pour vomir. « Beaucoup d’accidents avec des décès ou des blessures graves concernent des personnes qui ne sont pas attachées », a indiqué Laurence. Cette nuit-là, un conducteur de 21 ans, qui a consommé de l’alcool et un peu de cannabis, grille un feu rouge et percute le véhicule des jeunes sur le côté. Damien, pas attaché, a heurté le pare-brise avec sa tête. Il est aujourd’hui tétraplégique. Le conducteur de 21 ans est décédé.

Le CFA du bâtiment accueille des jeunes entre 16 et 20 ans, conducteurs pour certains ou qui vont le devenir. Certains circulent à deux-roues. « Ils peuvent être amenés à se déplacer dans le cadre de leur activité professionnelle. Ils devront utiliser un camion pour se rendre sur les chantiers. Ce genre de démonstration peut les faire réfléchir aux conséquences de la vitesse, de la prise d’alcool et de drogue », a expliqué Patrice Fournet, directeur adjoint du CFA. L’après-midi, les élèves ont assisté à des ateliers sur les effets de l’alcool et des stupéfiants ou avec une voiture tonneau, notamment. 

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