[Élection] Au terme d’un vote serré, lors de la session de vendredi 28 février, Rémi Dumaure, président de la Coordination rurale, devient aussi celui de la Chambre d’agriculture de la Dordogne.
C’était le dernier bastion. Aux États-Unis, ils appellent ça un « swing state » pour désigner un de ces états où, lors d’une élection, l’orientation du nombre de votes est déterminante pour faire pencher la balance vers tel ou tel camp. À peu de choses près, la Dordogne, au sein de la grande Région Nouvelle-Aquitaine – qui compte, rappelons-le, 12 départements, est un « swing state ». Car après avoir opéré la bascule aux dernières élections de la Chambre d’agriculture, passant de l’hégémonie syndicale de l’alliance FDSEA-JA à la Coordination rurale, la session d’installation de la présidence de cette même chambre était des plus attendues. D’autant que, histoire de maintenir le suspense à son comble jusqu’au bout, elle est arrivée en dernier, le 28 février.
Le suspense n’a pas duré si longtemps. Début des votes, 15 h. Après trois tours serrés, l’annonce tombe sur un portable. » Vive la CR ! Vive Rémi Dumaure ! « Le président de la Coordination rurale de la Dordogne a fini par obtenir 15 voix, Joël Fréret, candidat pour la FDSEA/JA, 13 voix, François Soulard pour la Confédération paysanne, 2 voix ; des votes auxquels il faut ajouter trois votes blancs, une abstention et un élu absent. À peine le résultat de l’élection pour la présidence de la Chambre d’agriculture a-t-il fuité de la session d’installation même pas finie que la poignée de militants, venus au soutien de leur syndicat, s’est engouffrée dans le hall du Pôle interconsulaire pour fêter la nouvelle.
Mais à leur grand désarroi, personne ne sort de l’amphithéâtre. L’impatience retombe et l’attente reprend. Il faut maintenant choisir les membres du bureau. » Tous ceux qui sont au Crédit agricole, vous pouvez fermer vos comptes… « Rémi Dumaure, tout fraîchement élu à la tête de la Chambre d’agriculture, annonce ainsi entre deux sorties pour venir chercher de l’eau, que les discussions pour son élaboration vont être aussi agitées que prévu. Si son élection s’est passée sans surprise, la constitution du bureau est plus houleuse. » Ils [les autres syndicats, ndlr] cherchent à placer leurs têtes et donc à chaque vote pour un membre, ils verrouillent « , explique Alain Queyral, membre de la Coordination rurale, qui a longtemps siégé pour le syndicat, dans l’opposition, et connaît bien les rouages de la Chambre.
Un bureau fermé
Il était hors de question pour la CR de laisser passer ce genre d’incursion. » Il faut qu’il y ait un changement de référentiel « , entend-on dans les rangs des militants. Les 12 sièges au bureau sont donc exclusivement tombés dans l’escarcelle du syndicat désormais majoritaire. Un aspect que déplorent conjointement les syndicats d’opposition. « Nous regrettons profondément de ne pas avoir un bureau avec de l’ouverture. Ils vont se retrouver entre eux, qu’ils gèrent au mieux et bon courage à eux ! », assène dès la sortie de la session Joël Fréret, président de la FDSEA, qui s’était présenté face à Rémi Dumaure. « C’est un bureau qui est plus nombreux mais plus fermé. Ça a juste changé d’étiquette mais le fonctionnement est toujours le même », constate, un peu désabusé, François Soulard, leader de la Confédération paysanne, qui a choisi de voter pour lui-même.
Rémi Dumaure, quant à lui, annonce : » Maintenant, je pose la casquette jaune. Je représente désormais tous les agriculteurs. Nos priorités sont la session financière qui aura lieu le 12 mars, puis, nous serons à la région le 14 mars. Il va falloir que nous prenions connaissance des dossiers et continuer à se battre pour avoir des financements et aider les agriculteurs de Dordogne. »
