VIOLENCES INTRAFAMILIALES. Une unité d’accueil pédiatrique enfance en danger (Uaped) a été créée au centre hospitalier de Périgueux. Le dispositif doit améliorer l’accueil des victimes et la qualité des enquêtes.
Dans le cadre de la mise en place du plan contre les violences faites aux mineurs, le 11 janvier, un protocole a été signé au centre hospitalier de Périgueux pour la création d’une unité d’accueil pédiatrique enfance en danger (Uaped). Ces lieux d’accueil ont été initiés et développés en France par l’association la Voix de l’enfant avec un co-pilotage par le ministère des Solidarités et de la Santé et celui de la Justice. Il en existe plus de 60 dans l’Hexagone avec plusieurs projets en cours de réalisation. L’an dernier, l’hôpital de Sarlat a ouvert une unité de ce type.
Salle d’audition
À Périgueux, le dispositif a vu le jour grâce à un partenariat entre le tribunal judiciaire, la gendarmerie, le Conseil départemental, l’Agence régionale de santé (ARS), la Voix de l’enfant et le centre hospitalier.
Depuis 2015, l’hôpital possède une salle “Mélanie”, située dans le service pédiatrie. Il s’agit d’un lieu spécifique d’accueil et d’audition des mineurs victimes de violences, maltraitances ou négligences.
En 2022, elle a permis de réaliser 44 auditions.
L’Uaped ainsi créée va intégrer cette salle dans un dispositif plus large de prise en charge pluridisciplinaire. « L’unité va pouvoir assurer le traitement judiciaire et médico-légale de ces situations de violence faites aux jeunes victimes dans un seul endroit, de manière à limiter les impacts traumatisants pour l’enfant », a indiqué Corinne Mothes, directrice du centre hospitalier de Périgueux.
L’Uaped bénéficie d’une subvention de 120 000 euros par an de l’ARS qui permet de financer deux équivalents temps plein (ETP) d’infirmière puéricultrice et de psychologue.
La victime est accueillie dans un environnement adapté à son âge avec des chaises, une table, des peluches et des poupées. Des examens médicaux (gynécologiques, prise de sang…) et des expertises pourront être réalisés. L’enfant sera accompagné lors des différents examens. Cette unité permet aussi l’organisation de soins, si nécessaire.
Améliorer les enquêtes
« C’est un progrès de santé publique et sur le plan judiciaire », a affirmé Solène Belouar, procureure de la République. Le dispositif doit améliorer la qualité des enquêtes pénales menées par les magistrats du parquet et les juges d’instruction. « C’est possible grâce à cette prise en charge pluridisciplinaire en un seul lieu et dans un temps rapproché »,
a-t-elle précisé. La salle “Mélanie” est équipée d’un système d’enregistrement audiovisuel. Elle constitue un lieu sécurisant de recueil du témoignage de la victime. « Si nous avons une meilleure qualité du recueil de la parole de l’enfant et des preuves, cela facilite l’aboutissement d’enquêtes qui sont souvent complexes et délicates à mener », selon Solène Belouar.
La procureure de la République a évoqué le volet prévention : « Les enfants sont les adultes de demain. Les protéger, aujourd’hui, dans les meilleures conditions possibles, c’est sans doute se prémunir d’autres faits à l’avenir. »