DÉVELOPPEMENT. La Fecna (filière d’excellence du cuir en Nouvelle-Aquitaine) se transforme pour prendre un rythme de croisière en valorisant au mieux les cuirs des éleveurs de veaux sous la mère.
Enfin. Enfin, les éleveurs de veaux sous la mère vont bénéficier d’une rémunération pour leur travail sur la qualité des peaux. Pour tous ceux qui se sont engagés ces trois dernières années dans la Fecna (Filière d’excellence cuir Nouvelle-Aquitaine), c’est la bonne nouvelle à retenir de cette réunion organisée par la Fecna, lundi 3 avril au pôle de Lanaud, à Boisseuil (87).
« Nous avons pris du retard mais aujourd’hui, nous avons un retour pour les éleveurs », s’est réjoui dans son introduction Franck Terrieux, président du Civo (Comité interprofessionnel du veau sous la mère) et lui-même éleveur de veaux sous la mère en Corrèze. « Nous sommes à un moment clef de la mise en place de notre filière d’excellence », constate de son côté Laurent Duray, président du cluster ResoCuir. En effet, la période de mise en route du projet, commencée en 2020, s’achève cette année, et elle a pu fonctionner en particulier avec des subventions des collectivités territoriales, dont une large part (+ de 38 %) grâce à la Région Nouvelle-Aquitaine. Un nouveau modèle économique doit lui succéder afin, comme l’a précisé Alain Rousset, président de la Région, que « le pouvoir public puisse se retirer sur la pointe des pieds ».
370 éleveurs engagés
Porté par les animatrices Jacotte Libeau, cheffe de projet Fecna, et Marlène Cournarie, technicienne Fecna au Civo, le projet est aujourd’hui concret autour de ceux qui en sont à l’origine : les acteurs de l’amont et de l’aval, depuis les éleveurs jusqu’aux manufactures, comme Lim group, J.M. Weston ou
Hermès. Ainsi, répartis sur cinq départements, 370 éleveurs de veaux sous la mère Label rouge sont engagés dans la démarche, ce qui représente 30 % des éleveurs du territoire. Sept abattoirs et des tanneurs, dont Chamont, se sont inscrits dans la traçabilité.
La Fecna repose sur trois piliers : des actions en élevage pour améliorer la qualité de la viande et celle des peaux, la mise en place de la traçabilité individuelle des peaux et, enfin, la création d’une base de données. En élevage, le but était de limiter les sources de défaut en traitant les veaux et en éliminant les aspérités propres à occasionner des blessures. La traçabilité, pour les abattoirs, signifiait la formation des opérateurs et l’acquisition d’équipement pour marquer au laser et lire chaque peau.
Nouveau modèle économique
Pour les éleveurs, jusqu’à présent, les traitements étaient pris en charge dans le cadre de l’engagement Fecna mais les peaux n’étaient pas à proprement parler rémunérées. Or, « l’objectif est bien de dégager une plus-value pour les éleveurs », souligne Jacotte Libeau. Et la volonté de tous les acteurs est bien de pérenniser cette filière d’excellence en permettant aux manufactures de bénéficier d’un produit de qualité, le cuir, produit en France.
Un modèle économique a donc été établi dont les projections fonctionnent avec un minimum de 10 000 peaux par an. Ce modèle repose sur l’existence de deux primes, l’une pour la traçabilité de chaque peau, l’autre pour la qualité. Dans ce cadre, les manufactures verseraient à une caisse Fecna en cours de création 15 euros par peau au titre de la traçabilité et 40 euros par peau au titre de la qualité. La caisse Fecna verserait ensuite 35 euros par peau aux éleveurs et 3,50 euros par peau aux abatteurs.
Ce modèle, présenté lundi, a suscité des discussions. Certaines manufactures se sont étonnées de ne pas avoir été préalablement informées quand des abatteurs trouvaient plus judicieux de verser la totalité des prix aux éleveurs, sinon « c’est un prix qui frise l’aumône », s’est insurgé l’un d’eux. Laurent Duray s’est défendu en arguant d’une « démarche collective altruiste basée sur la sincérité ». Surtout, « nous sommes en train de créer un modèle unique au monde », a-t-il plaidé. « La réussite dépend de l’engagement individuel de chacun des acteurs », a pu conclure Laurent Duray.