SAUVETAGE. Le Parc sauvage de La Tour Blanche et les quelque 300 animaux qu’il héberge sont en péril. En redressement judiciaire depuis septembre dernier, il paye les deux années Covid et la canicule de 2022.
Dans la fraîcheur du petit matin, les animaux se réveillent doucement au rythme des rayons du soleil et de la venue de Célia ou Alexandre pour la première tournée de nourriture. La journée commence tôt quand il y a quelque 300 bouches et becs à nourrir. « Et quoi qu’il arrive, il faut le refaire chaque jour, et continuer à s’occuper de tous les animaux », constate Alexandre Duguet, directeur du Parc sauvage de La Tour Blanche, évoquant ainsi les 16 mois de fermeture administrative dus à la pandémie de Covid. Cette période a durement grevé les comptes de l’association qui, jusque-là et depuis son ouverture en 2019, avait fièrement porté la dénomination de parc animalier, et réhabilité avec succès l’image de certaines espèces boudées, comme les vautours ou les sangliers.
En 2020, le site est autorisé à ouvrir durant trois mois, quelques mois de plus en 2021, mais le redémarrage est poussif et plombé, l’année suivante, par la canicule de l’été. « Je comprends les gens : ils avaient raison de rester au frais chez eux par 40 °C, reconnaît le jeune directeur. Nous avons eu une quinzaine de jours au total où nous avons vu entre zéro et cinq personnes. » En plus, le parc a vocation à accueillir des oiseaux en difficultés, « des rapaces agressifs, qui sont restés à l’abandon dans des volières ou dont les propriétaires ne veulent plus ou n’ont plus l’utilité ». Ces animaux nécessitent plus de soins et de frais vétérinaires. Le cumul de ces trois années compliquées et la mission même de l’association ont plombé les comptes du parc. « Même avec une bonne gestion et la meilleure volonté du monde, nous n’avons pas réussi à faire face. »
Parc le moins cher de France
Le site a été mis en redressement judiciaire en septembre 2022, avec deux fois six mois de période d’observation, l’hiver n’étant pas très représentatif en matière d’activité touristique. « Nous avons quand même accueilli 400 personnes lors de notre animation d’Halloween, mais le mandataire a besoin de voir comment nous allons nous en sortir durant la période estivale. »
Rendez-vous est donc pris le 17 septembre pour entendre la décision. Soit le tribunal décide d’un plan de redressement avec étalement de la dette, qui s’élève à un montant entre 250 000 et 300 000 euros, soit c’est la liquidation avec démantèlement du parc. Si la première solution est moins dramatique et définitive que la seconde, dans les deux cas, ça sera un crève-cœur pour Alexandre Duguet. « Dans le premier cas de figure, il faudrait que l’on augmente nos prix pour pouvoir rembourser. Or je ne le souhaite pas car on va pénaliser les familles nombreuses. » Avec une entrée adulte à 10 euros (8 euros pour les moins de 12 ans et la gratuité pour les moins de 3 ans), le Parc sauvage peut aujourd’hui se targuer d’être le parc le moins cher de France et voudrait le rester. « Nous voulons garder cette éthique. C’est un atout énorme », soutient son directeur.
En cas de liquidation et donc de démantèlement de la structure, Alexandre Duguet se désole de le dire : « Certains animaux devront être euthanasiés ». Il explique : « Nous avons des animaux qui ne supportent pas de partager leur parc. Ils doivent y être seuls. Et d’autres qui appartiennent à des espèces “pas sexy”, dont aucun parc ne voudra comme les sangliers ou les renards. »
Pour éviter d’en arriver à l’extrémité d’une liquidation judiciaire, Alexandre Duguet s’est résolu à demander de l’aide et fait aujourd’hui un appel aux dons. Il a ainsi lancé une vidéo sur les réseaux sociaux, qui lui a déjà permis de récolter 13 000 euros en une semaine, de la part de particuliers. Il aimerait réussir à rassembler au moins 10 % de la dette avant la date du 17 septembre, « pour que ça pèse positivement devant le juge ». Soutenu depuis toujours par la Région Nouvelle-Aquitaine, il aurait aussi aimé avoir un signe de la part du Département, pour aider un parc qui découle d’un rêve d’enfant, et continuer de pouvoir nourrir, chaque matin, ses animaux.
EN CHIFFRES
300 000 euros de dettes héritées de la période Covid à effacer