RESSOURCE. Jean-Sébastien Lamontagne, préfet de la Dordogne, a appelé la population à réduire l’usage de l’eau potable. Le Syndicat mixte des eaux a mis en place un outil de surveillance des captages.
Les agriculteurs qui irriguent ont l’habitude des restrictions de prélèvements dans les eaux superficielles. Elles sont déjà en cours dans de nombreux bassins. Concernant l’eau potable, il se pourrait qu’il en soit bientôt de même pour la population.
En visite le 11 juillet au Syndicat mixte des eaux de Dordogne (SMDE 24), le préfet, Jean-Sébastien Lamontagne, s’est voulu plutôt rassurant tout en confirmant le communiqué du 7 juillet évoquant les tensions identifiées sur le réseau de distribution d’eau potable. Lors du dernier comité ressource en eau, qui se réunit tous les 15 jours, le représentant de l’État n’a pas mis en place de mesure de restriction d’usage, mais il a appelé les habitants à économiser l’eau pour retarder l’application d’éventuelles restrictions.
Il faut distinguer la problématique de l’eau potable de celle des eaux superficielles, en majorité les cours d’eau, qui font l’objet d’un suivi très attentif entraînant des mesures, pour l’essentiel en matière d’irrigation agricole. « Cette année, la nouveauté portera sur de possibles restrictions dans les usages industriels », a précisé Jean-Sébastien Lamontagne.
Chaque geste compte
L’alimentation en eau potable se fait à partir de captages d’eau puisant dans les nappes phréatiques, même si dans le nord du département certains d’entre eux sont alimentés par des sources. Les nappes phréatiques se rechargent en hiver et au printemps, au-delà l’eau de pluie est captée par la végétation. En 2023, la sécheresse hivernale a entraîné un déficit de pluviométrie de 20 % en Dordogne, contre 13 %, l’an dernier. « Même si nos cours d’eau ne se portent pas si mal que cela par rapport à l’an dernier, la situation est plus dégradée concernant les nappes phréatiques. Il faut que l’on soit économe en eau. Chaque geste compte », a expliqué le préfet.
Jean-Sébastien Lamontagne a ensuite égrainé les bonnes pratiques à mettre en œuvre : prendre des douches de 4 à 5 minutes plutôt que des bains, optimiser l’usage des appareils de lavage en lançant des machines à plein, installer des récupérateurs d’eau, éviter les arrosages en pleine journée… Si la situation venait à s’aggraver, le préfet a insisté sur la possibilité d’imposer des restrictions, notamment concernant l’arrosage des jardins.
Une aide à la décision
Depuis juin, pour évaluer l’état des nappes et des captages (230), le SMDE 24 a mis en place le logiciel Survéo. « Il permet d’avoir en temps réel une indication sur le niveau de tension des différents réseaux. C’est un outil d’aide à la décision », selon le préfet. Ne sont pas pris en compte les secteurs de Montpon ou Nontron, non adhérents au SMDE. Les ressources, zones de captage ou forage, sont (ou vont être) équipées d’outils de mesure du niveau d’eau, de débit, de pompage, ainsi que la pluviométrie. « Nous avons aussi besoin de la vision de l’exploitant car l’informatique ne fait pas tout », a précisé Daniel Paretour, ingénieur ressources au SMDE 24.
Le syndicat a voté la création d’un schéma départemental de l’interconnexion pour pallier un manque d’eau sur un territoire et réalimenter les abonnés. « On aidera financièrement les syndicats à mettre en place les interconnexions », a assuré MarcMattera, président du SMDE 24. De nouveaux forages vont être créés (quatre pour le moment). Il s’agit de sécuriser l’alimentation en eau potable.