Du biogaz à partir de déchets

La Wagabox® est effective depuis novembre 2022. Pilotée à distance, elle permet de purifier le biogaz produit par la fermentation des déchets grâce à une filtration par membranes et de la distillation cryogénique. (Ph. L. Lemaire)

ÉNERGIES. Suez a inauguré officiellement une unité d’épuration du biogaz en méthane, sur le site de Madaillan, à Bassillac et Auberoche, qui produit l’équivalent de la consommation en gaz de 3 300 foyers.

« Chaque année, en France, un habitant produit 480 kilos de déchets ménagers », selon Mathieu Lefebvre, PDG de Waga Energy, entreprise en charge de l’installation de la Wagabox® sur le site de Madaillan, à Bassillac et Auberoche. Selon l’Ademe, il s’avère que c’est un petit peu moins : 354 kilos par habitant. Et « les chiffres tendent à diminuer », s’est félicité Pierre Moguerou, directeur Stockage Nouvelle-Aquitaine Occitanie de Suez. Pour autant, ils restent astronomiques lorsque l’on s’interroge sur leur devenir. À Madaillan, installation de stockage de déchets non dangereux, on peut “accueillir” un maximum de 110 000 tonnes de déchets par an. « Pour 20 % ce sont des déchets ménagers résiduels, et pour 80 %, ils sont issus de l’activité économique, produits par des industries mais triés à la source avant d’arriver ici, précise Thierry Bachacou, responsable du site. La gestion du site a été confiée à Suez pour une durée de 28 ans. La fin de la réception des déchets ultimes surviendra donc en 2042. « Après ça, nous assurons l’entretien et la valorisation des déchets pendant encore trente ans. » 

Enlever l’oxygène et l’azote

Enfouis, lesdits déchets produisent une réaction biologique semblable à celle créée dans le dôme d’un méthaniseur. Leur dégradation va générer du gaz, lequel est, depuis novembre 2022, date de mise en fonctionnement de la Wagabox® à Bassillac et Auberoche, valorisé et réinjecté dans le réseau urbain de GRDF, afin de se substituer au gaz naturel fossile. « Brut, le biométhane est assez imprévisible. Par ailleurs, en allant l’aspirer dans les casiers où sont enfouis les déchets, nous allons forcément laisser pénétrer de l’oxygène. Pour le rendre “standard”, conforme aux critères de GRDF, il va falloir l’épurer et séparer le méthane de son azote et de son oxygène », explique Mathieu Lefebvre.

Épuré dans une mini raffinerie

Le biogaz va d’abord connaître une première filtration par membranes, afin d’être débarrassé du dioxyde de carbone et de ses impuretés. Il rejoint ensuite une cuve où il va passer par une phase de distillation cryogénique. Le méthane va se liquéfier et tomber en bas de la cuve alors que l’azote et l’oxygène seront évacués. C’est ce biométhane qui sera utilisé par GRDF. « La Wagabox® est donc une petite raffinerie », résume le PDG de Waga Energy.

Pur à 98 %, le biométhane issu de ce processus est le substitut parfait au gaz naturel fossile. Pour l’installation de stockage de déchets non dangereux qu’est Madaillan, cela représente une production de 20 GWh d’énergie par an, soit la consommation en gaz de 3 300 foyers, « ou l’équivalent de deux millions de litres d’essence. Cela permet aussi l’économie de 3 300 tonnes équivalent dioxyde de carbone rejetées », précise Mathieu Lefebvre, qui se félicite que son entreprise soit à ce point fidèle à son nom – Waga – issu de la contraction de “WAsted” (gaspillé) et de “GAs” (gaz) : « Nous installons des unités d’épuration pour du gaz gaspillé ».

« Avant la mise en place de cette Wagabox®, le biogaz, d’une certaine façon, était perdu pour les populations environnantes, car notre seule façon de le valoriser était de le récupérer dans les casiers pour le faire s’évaporer par traitement thermique. Ici, il est réutilisé dans une économie circulaire », témoigne Thierry Bachacou. Les lixiviats (eaux polluées issues des casiers par écoulement de la pluie) sont, quant à eux, également “recyclés” pour accélérer la fermentation des déchets et, ainsi, augmenter la production de gaz brut à traiter par la Wagabox®.

Ensuite, le gaz est acheminé tout au long de 16 kilomètres de réseau pour rejoindre l’agglomération du Grand Périgueux et servir au chauffage, à la douche ou à faire rouler les bus de ceux qui ont créé les déchets qui l’ont fait naître.

EN CHIFFRES

20 GWh d’énergie produits par an, sur ce site, soit 2 Ml d’essence

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