FRUITS ET LÉGUMES. Au CTIFL (Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes) de Lanxade, la recherche et l’expérimentation ne s’arrêtent jamais, tant autour des variétés fruitières que du machinisme.

Vous voyez les brumisateurs qui diffusent en permanence une légère vapeur d’eau au-dessus de vos fruits et légumes dans, désormais, presque tous les magasins ? Eh bien sachez-le, « c’est une innovation CTIFL ». L’idée a germé là, au centre de Lanxade, à Prigonrieux, avant de se diffuser, convaincre, faire le tour et finalement s’implanter dans les réseaux de distribution de France. Tout comme les barquettes de fruits et légumes prêts à être consommés découlent du constat d’un ingénieur de Lanxade, « qui a voulu trouver une solution pour les gens qui voulaient manger sain sans avoir beaucoup de temps ». Des exemples comme ceux-là, Karima Giresse, directrice du CTIFL, en a des dizaines, démontrant ainsi la variété d’expérimentation et de travaux que mènent les ingénieurs du site, tout au long de l’année.

Financé à 60 % par des entreprises privées, le CTIFL doit composer avec un statut “bâtard” puisqu’il est aussi au service de l’État pour « travailler à la recherche et l’expérimentation en application directe et immédiate, et répondre aux besoins de la filière fruits et légumes de l’amont à l’aval ». Il doit ainsi trouver des solutions pour répondre autant aux problématiques rencontrées par les producteurs (lutte contre les maladies, résolution des troubles musculo-squelettiques…) que par la grande distribution autour de la consommation, tout en assurant des commandes de l’État. « La Région dit “En 2030, les phytosanitaires n’existeront plus”, et nous devons proposer des solutions pour atteindre cet objectif en priorité », résume Karima Giresse.

Biocontrôle et prototypes

Pour répondre à ces impératifs, le CTIFL dispose d’un domaine d’un peu plus de 70 hectares sur lesquels sont répartis les vergers, les serres ainsi que différents laboratoires (virologie, biomoléculaire, phyto diagnostique…). Tous ces outils peuvent être utilisés séparément ou en partenariat autour d’une même problématique. « À la question “Quelles alternatives peut-on proposer avec le retrait des phytosanitaires ?”, nous allons mixer plusieurs échelles de travaux – en verger, en laboratoire et sous serre – et allier ça à des expérimentations autour de nouvelles pratiques culturales et des produits de biocontrôle pour trouver une solution », résume Yohana Laloum, ingénieure recherche en phytopathologie.

Le dernier outil à disposition des salariés du centre de Lanxade, la plateforme Titec (Transfert innovation et technologies), s’érige fièrement entre les vergers, le parking du site et la voie verte voisine. « La forme est évolutive pour pouvoir créer une extension côté nord », explique Christophe Gubala, d’Archi Studio, qui en a assuré la conception. Immense « parapluie pour simuler des traitements extérieurs dans un cadre maîtrisé », le bâtiment se répartit en deux halles de 700 et 160 m2, un atelier de construction de prototypes et des bureaux. « En ce moment, nous travaillons à la mise au point d’un dispositif de labellisation des machines de pulvérisation pour guider les utilisateurs dans leur achat de machine, en arboriculture ou viticulture », détaille Florence Verpont, ingénieure recherche aux techniques d’application.

Est prévue « une troisième partie, un autre atelier de prototypes, plus grand, comme une mini usine », explique la directrice. « Les constructeurs ont du mal à investir dans la réalisation d’engins car les débouchés et marchés ne sont pas avantageux en fruits et légumes. Nous avons compris que nous allons devoir concevoir nous-mêmes les prototypes d’engins, ici, pour une utilisation ultérieure plus industrielle. » La prochaine révolution est peut-être en gestation à Lanxade.