INDUSTRIE. Reprise par un fonds d’investissement, la Fedd, à Sainte-Alvère, a un projet de développement avec la construction d’une usine. En visite, Alain Rousset a assuré que la Région l’aiderait.
Qui a dit que la Nouvelle-Aquitaine, en particulier la Dordogne, n’était pas une terre d’industrie ? Sûrement pas Alain Rousset. Le président du Conseil régional a profité de sa venue en Périgord, le 22 mars, pour visiter la Fedd, basée à Sainte-Alvère. Par le passé, la Région avait accompagné l’entreprise à plusieurs reprises pour des projets d’investissements.
Depuis son rachat à la famille Delage-Auburtin, début 2022, par Argos Wityu, un fonds d’investissement européen, et Bruno Picquart, actionnaire minoritaire, un grand plan de développement et d’investissement est en marche au sein du groupe Agôn electronics. « C’est un fonds qui mise sur la croissance. Ce n’est absolument pas un fonds voyou. Il a l’habitude de racheter des entreprises familiales et de les aider à prendre un virage, notamment managérial », a précisé Bruno Picquart, président du groupe, à ses invités du jour.
La Fedd est spécialisée dans la fabrication de cartes et produits électroniques pour les professionnels. Ses domaines d’intervention sont aussi divers que l’aéronautique, la défense, le ferroviaire, l’aérospatial, le médical, l’industrie, l’instrumentation et l’énergie. Ses clients se nomment Safran, Nexter, Alstom, Thales, Dassault, Framatome, Carmat entre autres. « Nous travaillons avec Airbus, mais très peu en direct. »
La qualité en petite série
L’entreprise s’apprête à vivre de grands changements. Bruno Picquart s’est attaché à présenter le groupe Agôn electronics et ses projets. Outre le président du Conseil régional, se trouvaient parmi les visiteurs plusieurs élus comme Jacques Auzou, président du Grand Périgueux, Christophe Cathus, conseiller régional et Philippe Ducène, maire de la commune.
Le groupe est composé de cinq entités dont la Fedd est l’acteur central. Il a une stratégie en trois axes. Le premier consiste à continuer à proposer un haut niveau d’expertise des produits. « Nous faisons de l’électronique, plutôt en petite série, très technique. Nous ne faisons pas de téléphonie ou de l’automobile en grande série. Nous ne fabriquons pas de pièces à bas coût car elles fonctionnent dans des environnements avec de fortes contraintes de vibration, température ou pression », selon le responsable du groupe qui ajoute : « Notre ADN est d’aller sur des sujets pointus. » Le deuxième axe repose sur la croissance. Elle sera de deux natures : organique et externe. « Nous allons annoncer, dans les jours qui viennent, une opération de croissance externe. C’est signé », a affirmé Bruno Picquart sans en dire davantage. Enfin, le groupe compte beaucoup sur la perception de l’entreprise par le client, son expérience. « Le meilleur facteur de croissance est que le client soit satisfait. »
Une nouvelle usine
En matière de croissance, Agôn electronics est très ambitieux. Avec une volonté de développer ses ventes à l’international, le groupe va devoir investir dans ses outils de travail, le recrutement et la formation des salariés. Actuellement, il compte 320 salariés pour un chiffre d’affaires de 50 Me. Le business plan à cinq ans prévoit d’augmenter le chiffre d’affaires pour atteindre 77 Me et 450 salariés en 2026, hors acquisitions externes. « Il faut se donner les moyens de cette croissance. Nous nous renforçons au niveau managérial, sur tout ce qui est fonctions support comme les ressources humaines, les finances et la qualité », prévoit Bruno Picquart.
Pour remplir ces objectifs ambitieux, de nombreux investissements devront être réalisés, notamment sur le site principal de la Fedd, à Sainte-Alvère, qui réalise 38 Me de chiffre d’affaires pour plus de 200 salariés. D’ici cinq ans, 100 salariés supplémentaires doivent être recrutés. En matière d’embauche, l’entreprise recourt à la méthode de recrutement par simulation (MRS). Elle lui a permis de passer d’un taux de réussite de 25 % à 75 %.
Sur le plan immobilier, l’investissement s’élève à 15 Me sur l’ensemble du groupe. Actuellement, la Fedd compte deux bâtiments principaux ; celui consacré à la conception des cartes est devenu trop petit. Un nouveau bâtiment unique va être construit pour 9,4 Me. Le début des travaux est prévu en juin, pour une intégration en 2024. Une autre tranche de travaux d’un montant de 4,1 Me devrait être réalisée plus tard. Il y a urgence. « Dans nos murs actuels, nous ne sommes pas capables d’avoir la croissance prévue. Nous avons besoin d’aller très vite », selon Bruno Picquart. 10 Me vont également être investis dans le mobilier (machines). Dans son développement, le groupe compte solliciter l’aide des collectivités comme la Région, le Grand Périgueux et la mairie. Alain Rousset a assuré les dirigeants de l’entreprise du soutien financier du Conseil régional.
GROUPE
Agôn electronics
Spécialiste français de la conception et de la fabrication de systèmes électroniques et d’assemblage de circuits imprimés, Agôn electronics (50 Me de chiffre d’affaires et 320 salariés au moment de la reprise, début 2022) comprend cinq structures, dont trois fabricants de cartes électroniques : Fedd, Phenix électronique en Corrèze (50 salariés à Lubersac), Team 31 à Toulouse (10 à 12 personnes). À cela s’ajoute Leroy Automation à Labège, un client de Fedd, concepteur de produits, qui a rejoint le groupe en 2017, et DMAEI, spécialisé dans l’informatique et la cybersécurité.