ÉNERGIES RENOUVELABLES. À l’occasion d’une journée de sensibilisation, élus, industriels et bureaux d’études ont découvert les avantages de la géothermie, jeudi 8 décembre, à Bergerac.
Ce n’est pas un hasard si la journée de sensibilisation à la géothermie de surface s’est tenue à Bergerac, jeudi 8 décembre. Avec le lycée Hélène Duc doté d’une géothermie sur sondes sèches et l’Aqualud qui fonctionne avec un dispositif de géothermie sur nappe aquifère, la ville est particulièrement exemplaire en matière de développement d’énergies renouvelables.
À l’heure où certaines piscines sont obligées de fermer, incapables de chauffer les installations en raison du coût exorbitant des énergies, l’Aqualud fait envie. « L’endroit est ouvert 343 jours par an, de 7 h à 22 h quatre soirs par semaine, énonce Nicolas Boyer, chef du pôle aménagement et infrastructure de la CAB (Communauté d’agglomération bergeracoise). Et par définition, un centre comme celui-là, ne consomme pas que pour chauffer ses locaux ou son eau. Sur 100 unités de chauffage, il faut compter 20 % pour l’électricité des communs (éclairages, ordinateurs…), 40 % pour chauffer et traiter l’eau mais aussi 40 % pour traiter l’air ; car nous avons besoin d’un air sec. » Pour cela, l’Aqualud dispose d’un système de géothermie qui va puiser à 170 mètres de profondeur une eau issue de la nappe phréatique, qui affiche une température constante de 17 °C. Cette dernière sera chauffée ou refroidie selon les saisons et les besoins.
Effets rebonds
« La géothermie est une énergie locale et il serait ridicule voire impossible de vouloir la transporter à 150 km de son point d’origine. Elle est là, sous nos pieds », constate Christian Boissavy, président de l’AFPG (Association des professionnels de la géothermie).
Et contrairement à certaines idées reçues, elle peut être installée n’importe où et sur n’importe quelle structure. Pas besoin d’ériger un bâtiment neuf pour penser à la géothermie. Elle peut être adjointe à des bâtiments existants. Exemple local : Aubas. Avant 2017, année d’installation de la géothermie, la mairie était chauffée au fuel. « Depuis, nous avons divisé par huit notre note énergétique par rapport aux prix de l’époque. Nous avons eu un retour sur investissement en quatre ans sur le prix des travaux », témoigne Jean-Pierre Chanet, conseiller municipal d’Aubas.
Au lycée Hélène Duc, à l’instar de lycées de taille classique, on constate un autre effet environnemental positif. « En général, pour un lycée de 15 000 m2, on divise par dix les émissions de gaz à effet de serre », affirme Xavier Pujos, ingénieur énergéticien, qui souligne l’importance des effets rebonds de la géothermie.
« Nous construisons pour le futur »
« L’un des points de vigilance dans la mise en place de la géothermie consiste surtout à ne pas surdimensionner son projet », insiste encore Christian Boissavy, qui recommande la tempérance : « Il faut rester raisonnable et ne pas vouloir absolument atteindre 100 % de la production de chaleur grâce à la géothermie exclusivement. Si vous avez un pic de consommation mais qu’il ne dure que trois jours par an, visez en dessous. La plupart du temps, vous couvrirez 95 % de vos besoins. Et le jour où vous aurez votre pic, vous brancherez votre système d’appoint. »
Et pour que la géothermie soit véritablement considérée comme une énergie renouvelable, le président de l’AFPG rappelle l’importance de l’après. « Nous construisons pour le futur. L’énorme avantage de la géothermie est sa discrétion. Mais il ne faut pas oublier que dans 50 ans, les sondes seront encore là. Peut-être que le bâtiment qui les utilisait aura disparu. Il faut donc penser à bien les localiser afin de les abandonner sans impact environnemental. Idem pour les forages. Il faudra les reboucher. »
LA GÉOTHERMIE
Une technologie millénaire
Le principe de géothermie existe depuis des millénaires. On en trouve des traces en Rome antique. La géothermie permet de produire différents types d’énergie en fonction de la chaleur puisée dans le sous-sol. La température des roches augmente en moyenne de 1 °C tous les 30 m de profondeur. En certains points du globe, en particulier dans les régions volcaniques, qui correspondent à des intrusions de magma dans la croûte terrestre, cela peut aller jusqu’à 100 °C par 100 m.
En fonction des calories captées, l’eau chaude est valorisée pour des installations de chauffage ou de la climatisation à usage des maisons individuelles et des bâtiments, ou pour la production d’électricité.
C’est une énergie renouvelable car elle n’émet aucun gaz à effet de serre et sa matière première, la chaleur de la Terre, est totalement gratuite.