Bétaillères sur mesure

Puivif carrosserie, à Angoisse, fabrique des bétaillères pour le transport de bovins et d’ovins. L’entreprise fait face à la hausse des matières premières et au manque de main-d’œuvre.

Jean-Sébastien Puivif perpétue la tradition à la tête de l’entreprise familiale éponyme, à Angoisse. En 1877, son arrière-grand-père commence comme forgeron et charron. À partir des années 40, la famille oriente son activité vers la fabrication de remorques agricoles. « Il faisait déjà quelques bétaillères à l’époque », note le dirigeant actuel. En 1976, l’entreprise s’implante dans de nouveaux ateliers, plus excentrés du bourg de la commune, et se lance dans la carrosserie. « Mon grand-père, Roger, faisait les camions magasins pour aller sur les marchés. » 

C’est son père, Jean-Paul, qui se spécialise dans les bétaillères pour transporter les animaux d’élevage (ovins et bovins en majorité), du véhicule léger au poids lourd. « Aujourd’hui, cette activité représente 80 % de notre chiffre d’affaires. » En 2021, celui-ci s’élevait à 900 000 euros. « Il devrait baisser à cause du manque de main-d’œuvre que l’on rencontre », indique Jean-Sébastien Puivif. 

Les 20 % restant du chiffre d’affaires sont réalisés grâce à la fabrication de camions pour le transport de bouteilles d’oxygène pour les malades à domicile, insuffisants respiratoires. « Pour cela, nous travaillons pour la société Alair & AVD, à Limoges. Nous leur faisons quatre à cinq camions par an. »

Des clients français

L’entreprise compte plus d’une centaine de clients un peu partout en France, des coopératives ou des marchands de bestiaux essentiellement.  « Pour les moutons, nous faisons beaucoup de véhicules qui partent dans l’Aveyron, précise l’entrepreneur. Nous avons aussi des clients dans le Pays basque français qui aiment la qualité de nos produits. Dernièrement, nous avons fait un camion pour un marchand de bestiaux en Belgique. » Avant la crise sanitaire, Puivif avait réalisé un camion pour Delmond à Vézac et le transport de canards. La bétaillère comprenait un système de traitement des roues pour lutter contre la grippe aviaire.

Puivif carrosserie s’échine à proposer à sa clientèle des produits sur mesure et de qualité. « Nous allons écouter le client jusqu’à ce qu’il soit satisfait », insiste Jean-Sébastien Puivif. L’entreprise est qualifiée par l’Utac (Union technique de l’automobile et du cycle) pour homologuer à rouler sur la route les véhicules qu’elle conçoit.

Confort et sécurité

L’entreprise cherche à optimiser le confort des animaux et des hommes qui utilisent ses bétaillères. Il n’y a pas d’arêtes vives dans les camions pour ne pas que les animaux se blessent. Des efforts sont réalisés pour limiter le bruit en roulant. 

L’entreprise prend aussi en compte la sécurité des chauffeurs lors de la manipulation des bêtes. « On propose une case où la personne peut se mettre derrière pour être en sécurité lorsque les bêtes sont libérées. Nous avons mis cela au point depuis une dizaine d’années. Tout le monde en veut », affirme Jean-Sébastien Puivif. Une autre option permet d’ouvrir les portes arrière avec une radiocommande pour faire sortir les animaux à distance. 

Si le carnet de commandes de l’entreprise est bien rempli, l’entreprise doit faire face à plusieurs difficultés depuis la crise sanitaire. Comme elle fabrique les caissons qui s’adaptent à des véhicules nus, c’est-à-dire le châssis et la cabine,  en ce moment, elle doit composer avec des retards de livraison. « Il faut attendre pendant un an parce que les composants électroniques mettent du temps à arriver. Des véhicules commandés en mars 2022, je ne les recevrai qu’en mars 2023. » En attendant, il réalise des réparations sur des bétaillères.

Hausse de l’aluminium

Comme beaucoup d’entreprises, Puivif carrosserie doit aussi affronter la hausse de l’énergie et des matières premières, en particulier l’aluminium, dont le prix a été multiplié par deux ou trois. Des augmentations difficiles à faire passer aux clients qui ont parfois commandé leurs bétaillères un an auparavant. Un caisson seul coûte environ 50 000 euros. Véhicule compris, le prix total s’élève à environ 150 000 euros.

À ces problèmes s’ajoute le manque de main-d’œuvre qui devient très problématique (voir encadré). « Pourtant, on a le travail », insiste le dirigeant. Dans ce contexte, il ne voit pas l’avenir avec un grand optimisme et se prépare à la crise économique qui se profile, qu’il pense inévitable et forte.

Emploi

En quête de salariés

Puivif carrosserie souffre d’une pénurie de personnel. Aujourd’hui, ils ne sont plus que quatre salariés dans l’entreprise, en comptant le patron, Jean-Sébastien Puivif, alors qu’ils étaient une dizaine au plus haut de l’activité. « On ne forme plus de carrossiers et les métiers manuels n’attirent plus », constate le chef d’entreprise. Pour former un bon carrossier, il évalue le temps nécessaire à cinq ans. « Les anciens partent à la retraite. Nous avons du mal à recruter des personnes qualifiées, même en mettant un bon salaire en face. » Certains jeunes formés en interne partent au bout d’un an pour faire autre chose. « C’est très difficile de robotiser, étant donné que l’on fait du sur mesure. »

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