Philippe Wahl, P.-D.G. du groupe La Poste, était présent au congrès national des maires ruraux pour évoquer avec des élus inquiets les perspectives de développement du service postal d’ici 2030.
Il y a à peine quelques années, 18 milliards de lettres et colis étaient distribués par La Poste. Aujourd’hui, ce chiffre a été divisé par trois et, en 2030, il tombera à deux milliards. C’est un fait : La Poste ne peut plus se résumer à de la distribution de courriers. Son P.-D.G., Philippe Wahl, le sait, et à peu près tout le monde présent au congrès national des maires ruraux, vendredi soir, à Eymet, le savait également. « N’importe quelle entreprise “normale” aurait été terrassée par une baisse si considérable », remarque le dirigeant. Mais quel avenir La Poste a-t-elle alors puisque tout le monde dédaigne ce qui était jusqu’à présent sa vocation ?
La question, qui relève d’un paradoxe, agite les esprits de tout élu rural qui se respecte, soucieux qu’il est de préserver de la vie dans son bourg autant qu’un minimum de service public. « Le groupe La Poste va prendre son indépendance par rapport à la lettre qui va disparaître, assène Philippe Wahl. Il ne faut pas exprimer de nostalgie par rapport à cette Poste qui n’est plus. Depuis neuf ans environ, notre stratégie est d’assurer la pérennité de l’entreprise par sa diversification. » Plus de colis et de présence à l’international, de nouveaux services notamment auprès des personnes âgées et, inévitablement, une incontournable présence dans le virage du digital… voilà les quelques pistes qu’a empruntées le groupe La Poste depuis une décennie pour compenser la baisse de courriers.
17 000 “points de contact” postaux
« La Poste de demain se définit selon trois dimensions, énonce Philippe Wahl. Une présence postale physique avec des bureaux de poste, une présence mobile et au domicile des gens avec 70 000 postiers sur le territoire, et une présence numérique avec le digital et internet. »
Parfait pour les maires qui s’interrogent sur l’avenir des bureaux postaux dans leurs communes et leur utilité. « Rassurez-vous, il n’y a aucun complot qui viserait à fermer les agences postales. Nous n’avons aucune envie de filer à l’anglaise et quitter les territoires ruraux. La loi nous dit que nous devons avoir 17 000 “points de contact“. Des points de contact ne sont pas des bureaux de Poste », précise le dirigeant.
De fait, il énumère : un peu plus de 8 000 bureaux à proprement dit, 6 200 agences postales et environ 3 000 relais de Poste commerçants. « Environ 40 % des agences postales reçoivent moins de cinq personnes par semaine. Elles ne peuvent pas fonctionner comme ça. Même s’il est clair que nous ne cherchons pas à être rentables, il faut trouver d’autres solutions. »
Pour autant, Philippe Wahl est incapable de dire combien d’agences, bureaux ou relais postaux seront encore présents dans quelques années. Il botte en touche et renvoie ainsi le problème aux élus ruraux, qui repartent sans réponse vraiment satisfaisante : « Cela dépendra de l’activité et la fréquentation dans vos communes ».