Réunis en congrès national à Eymet, les maires ruraux ont une nouvelle fois tiré la sonnette d’alarme à propos de l’accès aux soins dans les campagnes. Deux ministres étaient présentes pour échanger avec eux.
Ils attendaient le rendez-vous de pied ferme. Les maires ruraux, réunis en congrès national à Eymet, du 30 septembre au 2 octobre, ont pu soumettre au feu de leurs questions deux ministres présentes lors de leurs échanges, dimanche.
L’Association des maires ruraux de France (AMRF) a dévoilé, samedi 1er octobre, de nouveaux chiffres à propos de la désertification médicale, « démontrant la situation dramatique de nos ruralités », a rappelé en préambule Michel Fournier, président de l’association. Il manque, selon ces données, 6 000 médecins généralistes dans les zones rurales partout en France. L’accès aux soins était l’une des thématiques du débat avec la ministre chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, Agnès Firmin le Bodo. Elle n’a pas été épargnée par des élus qui lui demandaient des réponses « concrètes et rapides ».
« L’État a été condamné pour inaction en matière de lutte contre le changement climatique ; il serait temps de se poser la question pour l’accès aux soins » , a estimé le président de l’AMRF. Pharmacienne de profession avant d’être ministre, Agnès Firmin le Bodo a tenu à préciser qu’elle avait pu constater par elle-même « les difficultés des Français pour trouver un médecin ». La suppression, en 2019, du numerus clausus, qui limitait jusque-là le nombre d’étudiants pouvant accéder à la
deuxième année d’études de médecine, ne produira ses effets sur le nombre de diplômés que dans plusieurs années. « Le nombre de médecins n’est pas le seul paramètre ; la réponse ne viendra pas uniquement des médecins mais de l’ensemble des professionnels de santé, avec un partage et de la coopération entre eux », a indiqué la ministre.
« On manque de médecins mais aussi de courage politique », lui a répondu un élu de l’Indre, dénonçant le conventionnement de médecins « dans des zones sur-dotées » et estimant que, face à une incitation qui ne fonctionne pas, « il faudra mettre en place une réglementation comme dans toutes les autres professions médicales ». Agnès Firmin le Bodo n’y est pas favorable : « Obliger, ce serait le meilleur moyen de faire en sorte que les jeunes ne s’engagent plus dans ces filières ». Elle a toutefois concédé qu’une réforme de l’interim, qui sera prochainement encadré par une loi, est nécessaire pour éviter que des professionnels préfèrent être payés deux à trois fois plus en assurant des remplacements plutôt qu’en s’installant.
Pour elle, il n’existe plus de zones “sur-dotées” en médecins, qui pourraient jouer le rôle de réservoirs vers des zones moins denses. « La prise de conscience progresse, l’intelligence collective va faire son œuvre », espère-t-elle. La délocalisation des formations universitaires sur le territoire est une option à étudier, pour permettre aux futurs professionnels de s’installer à proximité de là où ils auront été formés.
Déséquilibre des intercos
Présente également dimanche à Eymet, Caroline Cayeux, ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales, a été interpellée par plusieurs élus à propos du déséquilibre des intercommunalités, dont « les villes-centres tirent profit, au détriment des plus petites », a martelé un élu du Var, très applaudi par l’assistance, comme les interventions à propos de la suppression des services publics à l’image des trésoreries dans les zones rurales.